Murray Gell-Mann, figure éminente de l’élaboration du Modèle standard de la physique des particules et lauréat du prix Nobel de physique en 1969, s’est éteint le 24 mai à l’âge de 89 ans. C’est lui qui avait attribué le nom de « quarks » aux particules élémentaires qui composent les hadrons tels que les protons et les neutrons ; le terme était tiré de l’œuvre de James Joyce Finnegans Wake.
En 1961, il propose un système de classification des hadrons, la « voie octuple », qui repose sur des propriétés mathématiques de symétrie du groupe SU(3) et pour laquelle il remporte le prix Nobel. Murray Gell-Mann s’est appuyé sur ce travail pour établir un nouveau modèle capable de décrire, entre autres, les propriétés magnétiques des protons et des neutrons. Or, ce modèle supposait l’existence de trois nouvelles particules élémentaires, qu’il a appelées « quarks », dont il a postulé l’existence en 1964. La même année, Georg Zweig décrit indépendamment ces mêmes particules, qu’il nomme « as » (aces en anglais).
L’existence des quarks est démontrée expérimentalement à la fin des années 1960 au Centre de l’accélérateur linéaire de Stanford (SLAC). Par la suite, les résultats de la chambre à bulles Gargamelle au CERN ont confirmé les prédictions de Murray Gell-Mann et de Georg Zweig selon lesquelles ces particules ont une charge égale à ⅓ ou ⅔ de celle d’un électron ou d’un proton.
La chromodynamique quantique, théorie qui décrit les quarks et leurs interactions, fait l’objet de nombreuses expériences au CERN. Grâce au Grand collisionneur de hadrons (LHC), les physiciens continuent de découvrir de nouvelles combinaisons des particules décrites par Murray Gell-Mann et Georg Zweig, pour poursuivre leur exploration du Modèle standard.
Murray Gell-Mann a travaillé quelque temps au CERN dans les années 1960, puis y est retourné à la fin des années 1970, à l’occasion de la conférence qu’il a donnée sur la grande unification des forces dans la nature. Au soir de sa vie, il s’est intéressé, entre autres, à la linguistique, et a dirigé le programme sur l’évolution des langues humaines (Evolution of Human Languages) à l’Institut de Sante Fe, dont il était le co-fondateur. Il a également été titulaire de la chaire Robert Andrews Millikan à Caltech.
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