Notre collègue et ami Karel Cornelis nous a quittés soudainement le 20 décembre 2022.
Après avoir terminé ses études de physique à l'Université de Louvain (Belgique), Karel rejoint le CERN en 1983 en tant qu'ingénieur responsable du SPS, à une époque où la machine est utilisée comme collisionneur proton-antiproton. Tout au long de sa carrière, il contribuera amplement à la mise en service, au développement des performances et au suivi du SPS au cours de ses différentes phases d’exploitation (collisionneur proton-antiproton, injecteur du LEP, machine à cible fixe de haute intensité et injecteur de faisceaux de protons et d'ions dans le LHC). Karel avait une connaissance fine et étendue de la machine, qu'il s'agisse des aspects complexes de la dynamique des faisceaux ou des éléments techniques de ses différents systèmes, et il était le point de contact privilégié chaque fois que de nouvelles caractéristiques de faisceaux ou de nouveaux modes d’exploitation étaient envisagés.
Karel était un physicien extrêmement compétent et rigoureux, mais aussi un mentor généreux et dévoué qui a formé des générations de techniciens en salle de contrôle, de chefs d'équipe et de physiciens et ingénieurs spécialistes des machines, les aidant à progresser dans leurs fonctions et à assumer de nouvelles responsabilités, et restant toujours disponible pour donner un coup de main en cas de besoin. Son attitude positive et son sens de l’humour ont laissé durablement une empreinte : le mot d’ordre « think like a proton : always positive ! » (« pensez comme le ferait un proton : toujours positivement ») deviendra la devise de l'équipe chargée de l'exploitation du SPS. On la retrouve aujourd’hui affichée dans l'îlot du SPS au Centre de contrôle du CERN.
Karel pouvait expliquer des phénomènes complexes à l'aide de modèles simples, mais précis, et d'exemples clairs, que ce soit dans le domaine de la physique et de la technologie des accélérateurs ou dans le domaine de la physique ou de l'ingénierie en général – une qualité rare. À titre d'exemple, Karel donna une série de conférences fascinantes consacrées aux arrêts machine tout au long de l'histoire du SPS, mais aussi au rayonnement synchrotron et également à l'une de ses passions, l'aviation : on se souviendra ainsi de son exposé intitulé « Air and the Airplanes that Fly in It » (« L'air et les avions qui le traversent »).
Il a été un tuteur hors du commun, un ami, une personne de référence, un expert et une figure paternelle pour nombre d'entre nous. Karel manquait déjà beaucoup à l'équipe de l'ilôt du SPS, et au-delà, depuis son départ à la retraite en septembre 2019. Il va nous manquer encore plus aujourd’hui.
La générosité, la gentillesse, l'enthousiasme et l'humour qui le caractérisaient font que nous nous souviendrons longtemps, avec beaucoup d'affection, du rôle qu'il a joué dans nos vies. Nous nous remémorerons avec tendresse les moments où Karel, muni d’un stylo et d’un morceau de papier, nous expliquait tout ce qu’il fallait savoir sur les effets faisceau-faisceau ou la toute dernière réduction de l'ouverture.
Ses collègues et amis