En 1967, tout juste diplômé de l’EPFZ (École polytechnique fédérale de Zurich), Gérard Bachy arrive au CERN, où il fera toute sa carrière, longue de 35 ans.
Il est alors ingénieur en mécanique dans l’équipe de la BEBC (Grande chambre à bulles européenne), responsable de la conception et de la fabrication du système de détente : ces grandes pièces sont toujours visibles dans le jardin du Microcosm au CERN. En 1972, il rejoint John Adams pour la construction du nouveau projet phare du CERN, le SPS, prenant la responsabilité de la coordination et de l’installation de l’accélérateur. Les premiers protons sont injectés dans le SPS le 3 mai 1976 ; Gérard est alors appelé par Giorgio Brianti, à l’époque chef adjoint de la division SPS, pour créer une section en charge des infrastructures et de l’installation des expériences UA (Underground Area). Cette équipe, il la crée en recrutant des collaborateurs et des collaboratrices qu’il sait motiver : les nouvelles idées foisonnent et sont mises en œuvre, comme le déplacement sur coussins d’air et l’entraînement, à l’aide d’un vélo, d’éléments des détecteurs pesant des dizaines de tonnes. La conversion du SPS en mode ppbar mènera à la découverte des particules W et Z en 1983.
En 1981, le gigantesque projet LEP se met en place, et son directeur, Emilio Picasso, met à contribution Gérard et son équipe. Très rapidement, cette équipe fusionne avec le groupe Ingénierie pour devenir LEP-IM, qui prendra une place prépondérante dans la réalisation du LEP. De nouvelles innovations voient le jour pour résoudre les nombreux problèmes posés par ce gigantesque projet : les puits d’accès modulaires ; le monorail, qui permet une installation efficace des divers éléments, même si le génie civil, largement retardé sous le Jura, n’est pas fini ; une planification et une logistique précises, etc. Le projet avance à un rythme effréné, de telle sorte que le LEP démarre en 1989.
L’ingénierie des accélérateurs est très dispersée dans les différentes divisions du CERN, ce qui nuit à son efficacité. En 1990, Carlo Rubbia, alors directeur général du CERN, appelle Gérard Bachy et lui donne pour mandat de regrouper ces activités au sein d’une même division : c’est la création de la division MT (Mechanical Technologies). Jusqu’en 1995, l’effort est porté sur la modernisation des installations, infrastructures et méthodes de travail, d’abord pour le projet LEP200, puis pour la préparation du projet LHC : Gérard impulse le développement de EDMS (Engineering & Equipment Data Management Service) et des plans d’assurance qualité, et donne l’élan vers une culture de gestion de projet.
En 1996, Hans Hoffmann, coordinateur technique d’ATLAS, appelle Gérard comme ingénieur du projet dans son équipe de coordination et d’intégration. L’expérience de Gérard aura de l’influence sur d’importants choix techniques, par exemple le concept de « grandes roues » pour le système à muons d’ATLAS.
Gérard prend sa retraite en 2001 pour se consacrer pleinement à ses autres grandes passions, la voile et les voyages.
Gérard était un brillant ingénieur, doublé d’un leader charismatique. Son rôle dans le haut niveau d’excellence de l’ingénierie au CERN est indéniable, et il a été un mentor pour bon nombre d’entre nous.
À sa femme Catherine, à ses enfants et à toute sa famille vont nos pensées les plus sincères.
Ses amis et anciens collègues