En 1954, année de la fondation du CERN, John Lawrence utilisait pour la première fois des protons, accélérés dans le cyclotron de son frère Ernest, pour le traitement du cancer. L’idée n’était pas nouvelle. En effet, les traitements par isotopes radioactifs avaient débuté dès les années 1930 ; les particules accélérées sont venues s’ajouter plus tard à l’arsenal du clinicien.
C’est dans les années 1990 que le CERN entre en scène. À cette époque, plusieurs centres d’hadronthérapie avaient déjà ouvert dans le monde. Le CERN lance alors une étude visant à concevoir un accélérateur optimisé pour produire une dose stable de particules, protons ou ions lourds, selon les besoins thérapeutiques. Ce projet, appelé PIMMS (pour Proton-Ion Medical Machine Study) a abouti à la création de centres spécialisés en Italie, et bientôt en Autriche.
Du 10 au 14 février 2014 a eu lieu la deuxième édition d’ICRT-PHE, une série de conférences réunissant la communauté médicale et la communauté de la physique, dont le but est de permettre aux cliniciens de comprendre ce que peut offrir la physique, et aux physiciens de comprendre ce que veulent les cliniciens. Radiochimistes, spécialistes de la médecine nucléaire, biologistes, développeurs de logiciels, spécialistes des accélérateurs, oncologues et physiciens spécialisés dans le domaine des détecteurs : la conférence ICTR-PHE est un étonnant lieu d’échanges entre experts issus de diverses disciplines.
La contribution du CERN à ce domaine a été soulignée dans nombre d'exposés, notamment la conférence d’Ugo Amaldi et l’intervention de Steve Myers, récemment nommé chef du programme des applications médicales du CERN. Parmi les nouvelles possibilités concrètes à l’étude figurent la conception d’un accélérateur compact, efficace, économique et prêt à l’emploi pour des applications médicales, ainsi que la construction de la nouvelle installation BioLEIR, qui fournira aux utilisateurs externes des faisceaux de particules de différents types et de différentes énergies pour la radiobiologie et le développement de détecteurs. Et ce n’est pas tout : l’informatique grande échelle utilisée pour l’acquisition et le traitement de données du LHC serait extrêmement bénéfique au secteur médical, qui gère des données de plus en plus volumineuses. Par ailleurs, la production d’isotopes innovants pour la recherche médicale pourrait être réalisée grâce à la nouvelle installation MEDICIS. Enfin, le développement de nouvelles techniques de détection pourrait contribuer à réduire le coût des instruments actuellement utilisés en imagerie médicale.
« Le CERN participe de plus en plus au développement d’applications médicales découlant de ses activités centrales, souligne Steve Myers. Toutefois, pour qu’une collaboration « gagnant-gagnant » puisse s’instaurer, nous avons besoin du concours de la communauté médicale, et cela au niveau mondial. Nous invitons les spécialistes du monde entier à nous rejoindre pour ce projet. »
Le présent article reprend des éléments des deux premiers articles du numéro du 17 février 2014 du Bulletin du CERN.