Genève, le 20 décembre 1996. Le Conseil du CERN1, où se réunissent les représentants des 19 États membres de l’Organisation pour approuver son programme scientifique et son budget, a tenu sa cent-sixième session le 20 décembre. Cette session était la dernière sous la présidence de M. Hubert Curien (F).
Feu vert pour le LHC en 2005
Le Conseil a décidé par consensus que le projet LHC serait réalisé en une seule étape et que la planification serait établie sur la base de la mise en service du LHC en 2005. La construction avait initialement été approuvée en décembre 1994 sous la forme d’un projet en deux étapes devant prendre fin en 2008. Cependant, le Conseil avait déclaré que si l’intérêt et les engagements financiers des États non-membres s'avéraient suffisants, le projet pourrait être réalisé en une seule étape. Les États non-membres ont montré un grand intérêt pour le LHC et se sont déjà engagés à verser des contributions considérables.
- Le Japon a déjà versé une généreuse contribution, de 5 milliards de yens, et les relations entre le CERN et le Japon continuent de bien se développer (voir section suivante).
- Un accord signé en mars 1996 avec l’Inde prévoit une contribution à l'accélérateur LHC d'une valeur nette pour le CERN de 12,5 millions de dollars.
- Un accord signé avec la Russie en juin 1996 prévoit une contribution à l'accélérateur LHC et une autre à ses détecteurs, chacune d'une valeur nette pour le CERN de 67 millions de francs suisses.
- Un accord a été signé avec le Canada, autorisant une contribution en nature au LHC d'une valeur de 30 millions de dollars canadiens.
- Suite aux négociations qui ont eu lieu entre le CERN et des représentants officiels des États-Unis, le Conseil a approuvé le texte d’un accord de coopération qui prévoit une contribution au LHC du ministère de l’Énergie des États-Unis (DOE) ainsi qu'une contribution du DOE et de la National Science Foundation (NSF) aux expériences ATLAS et CMS, pour un total de 530 millions de dollars.
M. Llewellyn Smith, directeur général du CERN, s’est réjoui de cette décision d'importance : « c'est un grand pas en avant pour le CERN, pour la science européenne, et pour la physique des particules au niveau mondial. »
Deuxième contribution du Japon au LHC
Lors de la réunion, la délégation du Japon a annoncé que le gouvernement japonais avait approuvé le même jour une contribution supplémentaire au projet LHC de 3,85 milliards de yens (environ 44 millions de francs suisses), sous réserve de son approbation par la Diète, et a déclaré : « Le gouvernement japonais espère que cette décision contribuera grandement au succès des futurs travaux de ce prestigieux centre de recherche. » M. Hubert Curien, président du Conseil du CERN, a chaleureusement remercié M. Mashida, décrivant cette contribution comme « une étape importante, du point de vue financier et psychologique, dans le progrès de la collaboration scientifique internationale ».
Restrictions budgétaires
En août 1996, un État membre du CERN a proposé une réduction de sa contribution au budget annuel de l’Organisation. Les autres États membres ont décidé que si réduction il y avait, elle devrait être généralisée. Compte tenu des discussions tenues lors de ses sessions de septembre et novembre, le Conseil a décidé que le financement du projet LHC resterait celui prévu lorsque le projet a été approuvé, nonobstant une réduction des contributions annuelles des États membres à l’Organisation de 7,5 % en 1997, 8,5 % en 1998-2000, et 9,3 % en 2001 et au-delà, par rapport au niveau prévu en décembre 1994.
Le Directeur général a expliqué que les effectifs et les dépenses affectés au LHC resteraient inchangés, mais que de telles réductions budgétaires seraient difficiles pour le CERN.
Le Conseil a accepté que la Direction du CERN puisse gérer librement la trésorerie du projet LHC, pour permettre si nécessaire un prolongement des paiements jusqu'en 2008. Le Conseil a également décidé qu’il mettra tout en œuvre pour faire en sorte que les contributions ordinaires de chaque État membre entre 1997 et 2008 ne tombent pas au-dessous du niveau découlant de ses décisions mentionnées précédemment, et a encouragé le versement de contributions supplémentaires, afin de renforcer la vitalité du programme scientifique général durant la période de construction du LHC.
Rapport du Directeur général
M. Llewellyn Smith a présenté son rapport annuel sur les activités du Laboratoire. Il a tout d’abord félicité le personnel du CERN ainsi que les utilisateurs d’avoir fait de 1996 une nouvelle année record. Tous les accélérateurs ont enregistré des performances sans précédent, et la mise en service du LEP2 s’est déroulée sans problème, l’énergie des collisions atteignant 172 GeV à la fin de l’année.
Évoquant les résultats obtenus en physique, le Directeur général s’est focalisé sur les grands programmes arrêtés en 1996 : le spectromètre Omega, auprès duquel ont été menées 50 expériences d’importance en 25 ans d’exploitation, le programme LEAR, qui a permis la spectaculaire découverte de l’antihydrogène cette année, ainsi que les excellents résultats de l’expérience « Tonneau de cristal », qui ont conduit la communauté internationale de la physique à admettre l’existence de la boule de glu, ou encore le programme Muon, qui a montré qu'on ne comprend pas encore tout ce qui se trouve au cœur des protons. Il a décrit la fermeture de ces installations comme « une triste nouvelle, mais qui représente le prix à payer pour le LHC ». En ce qui concerne les programmes en cours, le Directeur général a souligné le succès des expériences sur les ions lourds, qui montrent de réels indices de la formation d’une nouvelle forme de la matière, et celui du LEP2, qui a produit ses premiers bosons W, et qui devrait pouvoir obtenir les mesures les plus précises du monde de ces particules très importantes d’ici un à deux ans.
Enfin, le Directeur général a félicité une nouvelle fois le personnel et les utilisateurs pour leurs résultats, mais a émis des réserves sur la possibilité de garantir de tels résultats à l’avenir, étant donné l’amenuisement continu des ressources.
Budget du personnel pour 1997
Suite à la demande faite par le Comité du Conseil en novembre 1996, la Direction du CERN a présenté ses propositions de réduction du budget du personnel pour l’année à venir. Il a été convenu d’appliquer une réduction de la rémunération nette équivalant à 2,5 % des traitements de base. En compensation, le personnel recevra 5,5 jours de congé supplémentaires, qui pourront être utilisés en fonction des besoins de l’Organisation. Il a également été convenu de lancer en 1997 une étude interne de la structure des traitements et des carrières.
Fin du mandat de président du Conseil de M. Hubert Curien
M. Luciano Maiani, qui succèdera à M. Hubert Curien dans les fonctions de président du Conseil du CERN au 1er janvier 1997, a rendu hommage au président sortant pour ses contributions à l'Organisation. Il a salué sa capacité d’appréhender les problèmes et de trouver des solutions dans des situations complexes. Le Directeur général a également félicité M. Curien pour son rôle essentiel dans l’approbation du LHC et dans les échanges fructueux avec des États non-membres.
Élections
M. Fernando Barreiro (Université autonome de Madrid, Espagne) a été nommé membre du Comité des directives scientifiques pour une période de trois ans à compter du 1er janvier 1997.
Nouveaux chefs de division
M. A. Scaramelli a été nommé chef de la division Support technique (ST) pour une période de deux ans et demi à compter du 1er juillet 1997. M. A. Rujula a été nommé chef de la division Études théoriques (TH) pour une durée de deux ans et demi à compter du 1er juillet 1997.
Direction du CERN à compter du 1er janvier 1997
Directoire
Directeur général : C. Llewellyn Smith (GB) Directeur du projet LHC : L. Evans (GB) Directeur de la recherche : L. Foà (IT) Directeur des accélérateurs : K. Hübner (AT) Directeur de l’administration : M. Robin (FR) Directeur de la recherche et directeur technique : H. Wenninger (DE)
Chefs de division :
Support administratif (AS) : J. Ferguson (GB) Technologie de l’information (IT) : J. May (DE) Électronique et informatique pour la physique : M. Turala (PL) Soutien en ingénierie et Technologies (EST) : D. Güsewell (DE) Finances (FI) : A. Naudi (CH/GB) Grand collisionneur de hadrons (LHC) : J-P. Gourber (FR) Expériences de la physique des particules (PPE) : G. Goggi (IT) Personnel (PE) : B. Angerth (SE) Synchrotron à protons (PS) : D. Simon (FR) SPS et LEP (SL) : K. Kissler (DE) Approvisionnements et logistique (SPL) : R. Perin (IT) Commission de l’inspection technique et de la sécurité (TIS) : H. Schönbacher (AT) Support technique (ST) : F. Ferger (DE) / à compter du 1er juillet 1997 : A. Scaramelli (IT) Études théoriques (TH) : G. Veneziano (IT) / à compter du 1er juillet 1997 : A. De Rujula (ES)1. Le CERN, Organisation européenne pour la Recherche nucléaire, a son siège à Genève. Ses États membres actuels sont les suivants: Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Italie, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République slovaque, République tchèque, Royaume-Uni, Suède et Suisse. La Fédération de Russie, Israël, le Japon, la Turquie, la Commission européenne et l'Unesco ont le statut d'observateur.