Hier matin, les derniers faisceaux de protons de 2013 ont été extraits du LHC, annonçant le début du premier long arrêt de la machine (LS1), et couronnant trois années d'exploitation extrêmement fructueuses. Cette performance remarquable, on la doit bien sûr à toutes les personnes travaillant sur la machine, les expériences, l’informatique et toute l’infrastructure d’appui. Ces personnes, c’est vous, et vous êtes tous et toutes bien conscients de l’excellent travail qui a été réalisé.
Néanmoins, je tiens à remercier vivement toutes les personnes qui ont contribué au succès de la première période d’exploitation du LHC. Confirmer l’ensemble du Modèle standard en si peu de temps, pour finalement découvrir ce qui ressemble de plus en plus au boson de Higgs, a été un véritable exploit.
J’aimerais à présent mettre en avant un autre aspect de notre discipline : sa faculté d’adaptation remarquable. Lorsque j’ai débuté dans la recherche, les expériences rassemblaient une poignée de personnes et duraient quelques années tout au plus. Le temps nécessaire pour réaliser de nouvelles grandes infrastructures était déjà long, pouvant atteindre une décennie. Aujourd’hui, les collaborations peuvent mobiliser des centaines de personnes, et la mise en place d’une expérience peut prendre des décennies. Je me souviens que dans les années 1980 et 1990, nous étions préoccupés par les conséquences qu’auraient dans l’avenir ces effectifs et ces délais pour la créativité scientifique individuelle et la transmission du savoir. En fait, ce n’était pas la peine de nous faire du souci. La physique des particules s’est adaptée. La collaboration entre les laboratoires, à différentes étapes de leur cycle de recherche, s’est renforcée, la transmission du savoir a été codifiée, et, dans le monde du management, on a commencé à prendre la communauté de la physique des particules comme modèle pour d’autres domaines de l’activité humaine.
À l’heure où nous entrons dans une longue période durant laquelle aucune expérience ne sera en service au CERN, la communauté de la physique des particules va, une fois de plus, démontrer sa capacité d’adaptation. Et c’est, à bien des égards, tout aussi remarquable que les prouesses scientifiques et techniques que j’ai évoquées au début de mon message.