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Aider le CERN à offrir quelque chose en retour à la société

Anne Richards décrit une nouvelle fondation et l'esprit de curiosité scientifique du CERN

Article repris du CERN Courier.

Je suis venue pour la première fois au CERN au milieu des années 1980, alors que j’étais étudiante. Ce fut un été passionnant, où j’ai découvert que je ne connaissais vraiment pas grand chose à la physique et où j’ai rencontré d’autres étudiants venus de toute l’Europe et au-delà. Cette expérience a changé ma vie et marqué le début de mon histoire d’amour avec le CERN. Diplôme en poche, je suis revenue au CERN comme boursière pour mener des travaux de recherche auprès du Grand collisionneur électron-positon (LEP). Mais après trois années formidables, j’ai dû me rendre à l’évidence, à contrecœur, que le monde de la recherche n’était pas fait pour moi. J’ai alors rejoint celui des affaires et travaillé dans la finance pendant plus de 20 ans.

Toutefois, si vous pouvez quitter le CERN, le CERN, lui, ne vous quitte jamais. J’ai toujours gardé contact avec le Laboratoire, et lorsque j’ai eu l’occasion de rencontrer, il y a quelques années, son directeur général actuel, Rolf Heuer, et que je l’ai entendu évoquer son souhait de créer une fondation qui permette au CERN de toucher un plus vaste public, j’ai eu envie de participer à l’aventure.

La science est, à certains égards, un domaine d’études réservé aux plus privilégiés. Pour faire de la science de qualité, il faut des ressources : des enseignants biens formés, des installations performantes, des manuels, un accès à la recherche et bien sûr des circonstances opportunes. Autant de conditions qui ne sont pas toujours réunies pour tous. J’ai eu la chance de pouvoir venir au CERN comme étudiante d’été - un privilège réservé à quelques heureux élus. Sans compter qu’il existe de nombreux endroits dans le monde où il est difficile, voire impossible, d’avoir accès à des livres ou à des bibliothèques scientifiques.

Ceux qui vivent en dehors du monde de la science ne comprennent pas toujours en quoi cela est important. Il faut des années avant que les investissements d’un pays dans la science ne portent leurs fruits. On est loin des échéances électorales à court terme. Parfois, des préoccupations plus immédiates et plus urgentes appellent à limiter les dépenses. Il est donc important de rappeler qu’investir dans la science est source de retombées positives pour la société.

Plaider la cause de la recherche scientifique pure n’est pas toujours aisé. Ce n’est pas tant dû aux concepts proprement dits, que la plupart d’entre nous ne parviennent à saisir que de façon superficielle ; c’est également dû au fait que ceux et celles qui mènent des recherches fondamentales ne savent pas forcément à l’avance quelles seront leur utilité finale ou leur application pratique. Pour convaincre, il ne suffit pas de dire « ayez confiance, il en ressortira bien quelque chose », même si l’expérience montre que c’est généralement ce qui se passe.

Pour que la société continue de soutenir la recherche, il est essentiel, en particulier en période de crise financière, de parler des applications concrètes des découvertes scientifiques, qui peuvent être trouvées des années plus tard.

Après de nombreux mois de travail, la Fondation CERN & Société a été créée en juin 2014, dans le but « de diffuser l’esprit de curiosité scientifique du CERN et d’être source d’inspiration et d’apports positifs pour la société ». Ses objectifs sont multiples : inciter les jeunes à comprendre la science et mener des recherches ; mettre à la disposition des scientifiques de régions du monde moins privilégiées des outils et des moyens pour communiquer avec l’ensemble de la communauté scientifique ; promouvoir les bienfaits de la recherche scientifique pure auprès des décideurs les plus influents ; être une source d’inspiration pour les activités culturelles et les arts, et contribuer au développement d’applications pratiques au profit de la société dans son ensemble, dans les domaines de la médecine, de la technologie ou de l’environnement. L’engouement suscité par le LHC nous donne une occasion unique de contribuer à la société d’une manière que les contraintes qui pèsent sur les contributions des États membres n’autorisent pas.

Faire de ce vœu une réalité prend bien sûr du temps. Actuellement, le Conseil de fondation comprend trois membres : Peter Jenni, le Directeur général du CERN et moi-même. Les premières donations, généreuses, lui ont permis de prendre son envol et de financer ses premiers projets.

La Fondation reçoit des avis du Comité consultatif sur la collecte de fonds, qui veille au respect de la politique du CERN relative à l’éthique en matière de collecte de fonds. Il sélectionne les idées de projets présentées en vue d’un soutien financier et recommande celles susceptibles d’avoir le plus de retombées possibles. Le Comité consultatif sur la collecte de fonds, présidé par Markus Nordberg, est composé de membres du personnel du CERN qui nous aident à définir des domaines d’action prioritaires. À ce jour, nous recherchons des soutiens financiers pour les trois domaines suivants : l’éducation et la communication grand public, l’innovation et l’échange de connaissances, ainsi que la culture et les arts. Nous recherchons, avec l’aide du Bureau de développement du CERN, des soutiens financiers de la part d’autres fondations, d’entreprises et de particuliers. Un don n’est jamais trop important ou trop modeste.

Matteo Castoldi, chef du Bureau de développement, a joué un rôle important dans la mise en place de la Fondation. C’est la personne à contacter si vous avez une idée de projet, avez besoin d’aide pour présenter en bonne et due forme une proposition au Comité consultatif sur la collecte de fonds, ou aimeriez discuter de certains aspects de la Fondation CERN & Société. Notre site web est maintenant opérationnel. Venez le découvrir et, si vous avez envie de faire un don, cliquez ici. Par avance, merci pour votre soutien.