C’est avec beaucoup de tristesse que nous annonçons la disparition de notre ami et collègue John Pett, ancien membre et chef du groupe Convertisseurs de puissance du LHC. John fut un membre important du groupe, qui a pu bénéficier de sa longue expérience, de ses grandes connaissances et de ses initiatives au service de l’innovation.
John est né en décembre 1942 à Toddington, au Royaume-Uni. Il s’intéresse très tôt à l’électronique, ce qui l’amène à étudier l’ingénierie et à travailler ensuite chez PYE Electronics à Cambridge. En 1966, l’un de ses collègues lui signale une offre d’emploi du CERN parue dans la revue New Scientist, à laquelle il répond. Le recrutement est rapide : l’entretien a lieu en septembre et John commence à travailler dès le mois d’octobre.
Il est affecté au groupe Transfert de faisceaux (BT) de la division Anneaux de stockage à intersections (ISR). Il met au point un convertisseur numérique-analogique (DAC) pour le contrôle de toutes les alimentations BT, qui donne naissance au premier contrôle informatisé. Il développe ensuite un convertisseur numérique-analogique 16 bits de haute précision pour les alimentations de l’anneau principal des ISR, qui sera par la suite déployé dans les lignes de faisceaux pulsés et dans l’Accumulateur d’antiprotons (AA). Il étudie également la nouvelle technologie à découpage et conçoit les premiers convertisseurs de 6 kW pour certains aimants de correction des ISR. Plus tard, il jouera un rôle décisif dans la création d’un nouveau système de contrôle pour l’ensemble des alimentations des ISR, basé sur la norme CAMAC et les premiers microprocesseurs.
En 1980, le groupe concentre ses activités sur le projet LEP et John dirige le développement d’un nouveau système de contrôle pour quelque 900 convertisseurs de puissance, entièrement basé sur des microprocesseurs, un système d’exploitation en temps réel, des convertisseurs numériques-analogiques hybrides, des convertisseurs analogiques-numériques et 1 553 bus de terrain. Par ailleurs, il représente sa division au sein des comités du CERN pour la normalisation des composants électroniques et la formation correspondante.
À l’automne 1989, John est nommé chef de groupe et gère la fusion des groupes Convertisseurs du LEP et du SPS ; il prépare les activités destinées au futur projet LHC. Il s’attache durant plusieurs années à mettre au point un convertisseur analogique-numérique delta-sigma 22 bits révolutionnaire, d’une précision et d’une rapidité sans précédent. Celui-ci fera ensuite partie d’un système de contrôle complètement nouveau destiné aux convertisseurs du LHC. John gère avec succès ce développement, basé sur le traitement numérique des signaux, les multi-microprocesseurs et le nouveau bus de terrain en temps réel WorldFIP.
Au cours des dernières années qu’il a passées au CERN, et jusqu’à sa retraite en 2002, John a également apporté d’importantes contributions à la conception du système d’étalonnage actuel, à qui l’on doit les performances exceptionnelles des convertisseurs de puissance du LHC. Ces dispositifs d’étalonnage ont été largement reconnus et certains sont utilisés dans les laboratoires nationaux de normalisation.
Ses réalisations ont été présentées dans plusieurs articles lors des conférences de l’IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers) et dans la revue Transactions, ce qui lui valut une reconnaissance internationale en dehors du CERN.
Après plusieurs années de lutte contre la maladie, John s’est éteint le 12 décembre 2024. Ses contributions à l’électronique de haute précision au CERN ont été remarquables. Il était très persévérant quand il s’agissait de prendre des problèmes difficiles à bras le corps et de les résoudre, et ses interlocuteurs appréciaient de discuter avec lui, car il n’hésitait pas à remettre en question les affirmations et les opinions. Il avait également un sens de l’humour typiquement britannique et nous faisait beaucoup rire. Nous garderons de John le souvenir d’un grand ingénieur et d’un véritable ami.
Ses amis et collègues