Marcello Giorgi, l’un des premiers membres du groupe de physique des hautes énergies CERN–Trieste, s’est éteint le 1er mai. Il avait travaillé dans les années 1960 sur plusieurs expériences au CERN : d’abord au PS, puis sur l’expérience WA6 dès le lancement du SPS. Il a ensuite participé, dans les années 1980, à une série d’expériences menées au LEAR par le groupe de Trieste. Marcello Giorgi a également passé un congé sabbatique en tant qu’associé de recherche au CERN. Fasciné par la « crise du spin du nucléon », il s’est ensuite orienté avec le groupe de Trieste vers les expériences sur la diffusion profondément inélastique (DIS) réalisées à l’aide du faisceau de muons de haute énergie : d’abord l’expérience SMC, puis l’expérience COMPASS.
Au fil du temps, il s’est peu à peu détourné de la physique des particules, au profit de l’histoire de la physique et de l’épistémologie. Il a joué un rôle moteur dans l’organisation de nombreuses conférences tenues à Trieste dans les années 1990 sur les outils conceptuels utilisés pour comprendre la nature. Excellent professeur, il était très apprécié des nombreux étudiants qui ont été diplômés sous son égide au cours de sa longue carrière.
Marcello Giorgi était quelqu’un de généreux et d’ouvert, bien connu au CERN et au sein de la communauté des physiciens. Très sportif, il a pratiqué l’alpinisme et l’escalade durant toute sa vie et fait l’ascension du Mont Blanc aux côtés d’Arne Lundby dans les années 1970. Il avait auparavant choisi d’effectuer son service militaire dans le corps alpin de l’armée italienne et, les années suivantes, il avait continué de suivre les formations de perfectionnement de l’armée, jusqu’à devenir officier supérieur. Il va sans dire qu’il était très fier de la plume d’aigle blanche qui, à ce titre, ornait son chapeau. Ses passions ne s’arrêtaient toutefois pas à l’alpinisme : il était également amateur de cyclisme et de boxe. Il a même combattu à plusieurs reprises dans la catégorie des poids welters, avant de se consacrer à la promotion de ce sport, en mettant toujours l’accent sur son caractère éducatif.
Homme de grande culture, il avait une mémoire exceptionnelle et beaucoup d’humour. Ses amis appréciaient énormément toutes les histoires qu’il racontait le soir, lorsqu’ils se retrouvaient autour d’une table. Il nous manquera terriblement.