La question de l’énergie représente à la fois un défi et une chance pour les infrastructures de recherche. Nous avons besoin d'énergie pour mener des recherches de haut niveau, et nous nous attachons à utiliser cette énergie dans le plus grand respect de l’environnement. C’est pourquoi le CERN, l’ESS (European Spallation Source) et les membres de l’ERF (Association of European-level Research Infrastructures Facilities) ont lancé en 2011 une série d’ateliers sur le thème de l’énergie pour une science durable dans les infrastructures de recherche (« Energy for Sustainable Science at Research Infrastructures » - ESSRI).
Les 28 et 29 novembre 2019, le cinquième atelier ESSRI s’est tenu au PSI, à Villigen (Suisse). Deux jours durant, quelque 90 participants ont évoqué et mis en commun leurs bonnes pratiques s'agissant de la gestion de l’énergie, des technologies à faible consommation d'énergie, des systèmes cryogéniques et du refroidissement conventionnel. Cette édition a également mis en lumière les progrès accomplis par les infrastructures de recherche en ce qui concerne les technologies durables. Les structures radiofréquence supraconductrices, essentielles pour les accélérateurs de haute intensité, en sont un exemple.
Depuis le premier atelier, nombre des laboratoires participants ont adopté des solutions telles que l’analyse de la consommation, la récupération de la chaleur résiduelle et l’amélioration du rendement énergétique global. D’autres solutions, comme l’analyse du cycle de vie, doivent être étudiées plus avant. À ce sujet, Manuele Margni a participé à l'atelier par liaison vidéo depuis l’Université polytechnique de Montréal. Une approche globale, qui s’attache à évaluer plusieurs indicateurs comme l’empreinte carbone, l’empreinte eau, les ressources et l’impact d’écosystèmes en fonction d’un produit ou d’un service, pourrait nous aider à réduire significativement notre empreinte environnementale.
La question environnementale est aujourd’hui bien plus au cœur des préoccupations qu'elle ne l'était au moment du premier atelier, il y a huit ans. Les programmes européens EuCARD-2 et ARIES sont deux exemples concrets des progrès accomplis. Dans un cas comme dans l'autre, la question de la durabilité d'une future installation utilisant des accélérateurs est envisagée dès le début. Tout futur projet scientifique de grande ampleur devra s'accompagner d’une stratégie de gestion de l’énergie, encourager l’efficacité énergétique et inscrire la récupération d’énergie dans ses priorités.
Les infrastructures de recherche doivent s’engager pour un avenir meilleur, en contribuant à l’adoption de bonnes pratiques et en cherchant les solutions de demain. C’est pourquoi cette série d’ateliers est si importante, et j’attends avec intérêt la prochaine édition, qui se tiendra à l’ESRF à Grenoble (France) en 2021.