À l’heure où l’exploitation du LHC avec ions se met en route, je voudrais saluer à mon tour le succès très remarquable de l’exploitation proton-proton cette année. L’exploit est véritablement impressionnant : performance du complexe d’accélérateurs, profusion de résultats produits très rapidement par les expériences, et enfin performance de notre infrastructure de calcul, dont les capacités ont été mises à rude épreuve. Je tiens à féliciter toutes les personnes qui ont travaillé à ce résultat. En m’adressant à vous aujourd’hui, je voudrais pourtant appeler l’attention sur d’autres machines du CERN. Nous avons un laboratoire divers, dont le programme de recherche est diversifié, et plusieurs événements marquants dans différents domaines ont eu lieu ces derniers jours.
Le 25 octobre, notre nouvel accélérateur linéaire, le Linac 4, a porté des faisceaux à l’énergie nominale de 160 MeV. C’est là une étape très importante pour la machine qui deviendra le premier maillon de la chaîne d’accélérateurs du CERN après le prochain long arrêt, le LS2. Le Linac 4, élément essentiel du projet LHC à haute luminosité, remplacera le Linac 2, lequel est en service depuis 1978 et dont l’énergie de faisceau est de 50 MeV. Le Linac 4 permettra de doubler la brillance du faisceau du Booster du PS, ce qui aura l’avantage d’augmenter la luminosité, non seulement pour le LHC, mais aussi pour toutes les machines du CERN. La prochaine étape consistera pour le nouveau linac à dépouiller les ions d’hydrogène négatifs de leurs électrons. On obtiendra ainsi les protons qui seront injectés dans le reste de la chaîne d’accélérateurs du CERN.
Parmi les installations qui bénéficieront de ces améliorations, il faut citer ELENA, un nouvel anneau qui récupérera des antiprotons de l’AD et réduira leur énergie, laquelle passera de 5,3 MeV à 100 keV. Pour la plupart des expériences de l’AD, le procédé utilisé actuellement consiste à faire passer le faisceau à travers des feuilles ; cette méthode a pour effet de réduire fortement le nombre d’antiprotons que peuvent utiliser les expériences. ELENA permettra des améliorations pouvant atteindre 2 ordres de grandeur en termes d’acceptation des antiprotons des expériences. La totalité de l’anneau d’ELENA est maintenant installée, à l’exception du système de refroidissement par électrons. Bien qu’il s’agisse d’un élément vital, l’anneau peut déjà être testé avec faisceau. Ce test, effectué à l’aide d’une source d’ions indépendante, est prévu pour la semaine du 14 novembre. L’installation de la première expérience auprès d’ELENA, GBAR, avance également de façon satisfaisante. Les autres expériences utilisant actuellement l’AD seront reliées à ELENA pendant le deuxième long arrêt technique, LS2.
Pour conclure, je vais revenir à mon point de départ : le LHC. Après une exploitation avec protons brillante, c’est maintenant le tour des ions. La transition s’est bien passée, et les premières collisions ont été livrées aux expériences le 10 novembre, venant terminer en beauté une année qui s’est avérée exceptionnelle.