C'est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès de Vittorio Giorgio Vaccaro, physicien spécialiste des accélérateurs, survenu le 11 février dernier à Naples, sa ville natale, après une brève maladie.
Après avoir obtenu son diplôme à l'Université Frédéric II de Naples en 1965, Vittorio rejoint le CERN en tant que boursier. Il y reste de 1966 à 1969, contribuant à la conception et à la mise en service du premier collisionneur de hadrons de haute intensité : les anneaux de stockage à intersections (ISR). C'est au CERN que Vittorio élabore le concept d'impédance de couplage de faisceau pour modéliser les instabilités observées lorsque les faisceaux circulent à une énergie supérieure à l'énergie de transition, et rédige un rapport décisif, intitulé « Longitudinal instability of a coasting beam above transition, due to the action of lumped discontinuities », dans lequel il décrit pour la première fois l'action des discontinuités dans la section transversale d'un tube de faisceau comme une impédance. Sa théorie, qu'il a développée, suite à une intuition, avec Andy Sessler, Alessandro G. Ruggiero et nombre d'autres collègues, est devenue un outil fondamental pour la conception des accélérateurs de particules.
En 1969, il retourne à Naples, son alma mater, pour y enseigner les champs électromagnétiques à la faculté d'ingénierie, un poste qu'il occupera jusqu'à sa retraite. Au sein de la faculté de physique, il forme un groupe de physiciens des accélérateurs, en collaboration avec l'Institut national de physique nucléaire (INFN) ; il restera en contact étroit avec le CERN tout au long de sa carrière, en s'y rendant régulièrement et en y envoyant plusieurs de ses étudiants.
Vittorio a contribué à presque toutes les études et tous les projets sur les accélérateurs en Europe, des machines du CERN à DAFNE, en passant par la Source européenne de spallation et l'expérience HERA-B à DESY. Grâce à lui, le groupe de Naples est devenu une référence dans le monde des accélérateurs en ce qui concerne le développement de la théorie de l'impédance de couplage de faisceau pour éléments d'accélérateur et les mesures sur banc d'essais associées. À partir du milieu des années 1990, il s'intéresse de plus en plus au développement d'accélérateurs linéaires destinés à la protonthérapie, et participe à une vaste collaboration qui réunit la Fondation TERA, le CERN et l'INFN. En 2003, il dirige une nouvelle collaboration entre l'Université de Naples et plusieurs sections de l'INFN, qui produira le premier module Linac à 3 GHz permettant d'accélérer des protons au moyen d'un cyclotron de 30 MeV.
En 2019, Vittorio reçoit le Prix IPAC Xie Jialin pour travaux exceptionnels dans le domaine des accélérateurs, qui le récompense pour « ses études pionnières sur les instabilités en physique des faisceaux de particules, l’introduction du concept d'impédance dans les anneaux de stockage et pour avoir transmis, tout au long de sa carrière académique, ses connaissances en physique des accélérateurs à plusieurs générations de jeunes scientifiques ».
Il n'y a pas de mots pour évoquer les immenses qualités humaines de Vittorio, sa vaste culture et sa profonde humanité. Disséminés dans le monde entier, certains de ses étudiants poursuivent aujourd'hui son travail en proposant des solutions techniques pour résoudre des problèmes liés à la physique des accélérateurs, basées sur une compréhension approfondie des phénomènes d'instabilité des faisceaux. Animé par une passion sincère pour la science et par une curiosité irrésistible pour tout ce qui l'entourait, Vittorio abordait les autres avec un esprit ouvert et amical.
Le mentor et le collègue passionné que représentait Vittorio, de même que ses vastes connaissances, son énergie, son amitié et son humanité, nous manqueront terriblement.
Ses amis et collègues